Mise à jour de RR0

27 juin 2009

RR0
25 min readMar 25, 2023

Il était temps de mettre à jour le dossier dédié aux crop circles, en :

  • rappelant les faits exacts de cas “anciens” : 1) le fameux récit du “diable faucheur”, rarement donné dans son intégralité, qui, comme son nom l’indique relate du blé fauché (et non couché) suite à une dispute entre propriétaire et ouvrier. L’ouvrier demandait trop, le propriétaire du champ lui dit qu’il se passerait de ses services à l’avenir. L’ouvrier se rendit compte du marché crucial qu’il perdait pour pouvoir vivre et abaissa son prix jusqu’au ridicule, mais le propriétaire ne voulu plus rien savoir. Comme par magie, le lendemain matin, le champ du propriétaire était fauché “gratuitement”. 2) le cas de “Assen” (en fait Alsacien) en 1590, souvent cité comme exemple de crop circle ancien, mais qui d’après l’enquête de Théo Paijmans concerne en fait plus un cercle d’empreintes (rond de fées/de sorcières) qu’un crop circle et 3) les traces décrites dans le courrier des lecteurs de Nature en 1880, apparemment météorologiques.
  • présentant un extrait du guide 2004 des fameux Circlemakers, dont on parle souvent comme exemples d’auteurs de ces agroglyphes, mais dont on a rarement lu la prose.
  • ajoutant le fameux “céréalogiste” Colin Andrews à la liste des acteurs de ce domaine.

Également, un retour sur le fameux “rasoir d’Ockham”, souvent instrument “universel” d’évaluation de théories pour le rationalisme, mais dont le véritable scepticisme reconnait les limites et même dangers. Pour exemple :

  • Phil Molé, qui en 2003 ose faire entendre une voix discordante dans le journal Skeptic, arguant que le fameux rasoir pouvait “couper des deux côtés”, et qu’au final “se baser sur la parcimonie ne nous mènera pas tous aux mêmes conclusions”.
  • Dieter Gernert, de l’Université Technique de Munich, parle en 2007 de son usage inadéquat, citant une phrase du livre de Bunge (“En science, comme chez le barbier, mieux vaut être vivant et barbu que rasé de près mais mort”) pour décrire les dangers du prétendu “outil”. Paradoxalement, le phrase fait tout autant écho à la motivation rationaliste de l’instrumentaliser : mieux vaudrait éviter un changement risqué (i.e. qui ne réponde pas à un critère universel d’évaluation de théorie) que de prendre le risque de se tromper (ce qui tuerait la science selon cette idée).

Enfin une pièce cruciale dans le dossier des mutilations de bétail : le rapport Rommel. Peu connu ou peu cité, il éclaire d’un jour bien moins mystérieux l’ensemble du problème. M’aurait-on dit à une époque, avant la lecture de ce rapport, que la quasi-totalité des cas sont le fait de prédateurs et charognards que j’aurai bien rigolé, certain de disposer de nombreux arguments : et comment expliquez-vous la précision chirurgicale ? le choix des organes ? les animaux contournant les carcasses ? la décomposition très lente (ou très rapide) ? Les pattes cassées ? Les bêtes apparemment “marquées” à l’avance, voire droguées ? L’observation d’ovnis ou mystérieux hélicoptères silencieux alentours ? Kenneth Rommel est un enquêteur particulièrement expérimenté (on le sent bien à la lecture du rapport), ayant travaillé 28 ans pour le FBI (que ceux qui arrêtent leur lecture à cette mention maudite se raisonnent et jugent sur des arguments à leur contenu plutôt qu’à qui les prononce) et ayant été nommé à la tête d’une enquête de police de 1 an sur les mutilations animales au Nouveau-Mexique. Il a examiné l’ensemble des critères des “mutilations classiques” dans les cas anciens (1975–1979) ainsi que ceux intervenant durant son enquête (1979–1980) dans son état de prédilection (Nouveau Mexique) mais aussi dans d’autres. Eh bien, comment dire, je crois qu’il n’y a pas d’autres mots : il démonte tout. De A à Z. Rien de bien nouveau me direz-vous, ce n’est pas le premier démontage (debunking) que l’on voit. Oui mais là, c’est convaincant. Chaque point est réfuté, après les autres, de manière factuelle. Les interprétations infondées, erreurs, malhonnêtetés même parfois, sont révélées. Imparable. Une lecture et une référence utile donc, pour se débarrasser en ufologie de ces sujets connexes qui la polluent et pouvoir se concentrer sur ce qui fait son coeur.

Commentaire de Mikerynos le vendredi 18 septembre 2009 à 16:19:

Je ne suis pas d’accord, Kenneth Rommel était un debunkeur et un incompétent…
http://touraine-insolite.xooit.com/...
De plus, a cause de lui on occulte d’autres enquêteurs, d’autres recherches. Il faut creuser un peu le sujet.

Réponse de Jérôme Beau le samedi 19 septembre 2009 à 18:18:

Bonjour Mikerynos,

Bon d’abord je trouve qu’on devrait éviter de résumer ses arguments à l’emploi de termes tels que “debunker”, “croyant”, “believer”, etc. comme si ça suffisait à disqualifier tout ce que la personne ainsi “tamponnée” pourrait dire. Je comprends que tu dis cela suite à la lecture de l’article de Jean Sider que tu cites mais, comme tu le dis, il faut “creuser le sujet” et lire les arguments des deux côtés. Je ne pense pas que tu l’ai fait, sans quoi tu aurais relevé un certain nombre de problèmes que je vais lister ici.

Mais avant tout, pour présenter un portrait équilibré, voyons ce qu’on peut reprocher à Rommel :

  • Son expérience d’enquêteur : Sorti “enquêteur sénior” après 28 ans au FBI, je pense qu’elle est difficilement contestable. Concernant son travail de terrain spécifiques aux cas de mutilations, il relate 15 enquêtes qu’il a mené personnellement (mais jamais seul) au cours du projet qui l’amènera à étudier le sujet à plein temps pendant 1 an, débouchant sur son rapport.
  • Ses compétences vétérinaires : Il n’en a pas, comme tous les enquêteurs que je connais, Sider y compris. Les enquêteurs doivent s’adresser aux experts, pas essayer de les remplacer (ce qui est au passage une plaie de l’ufologie).
  • Son objectivité : On a parlé de son caractère “bourru” ou peu enclin à suivre les théories des témoins sur l’origine de mutilations. Il n’est pas dit quelles étaient les théories défendues par ces témoins mais je pense qu’une enquête doit effectivement tirer ses conclusions des faits observés plus que des théories des témoins. Il peut effectivement être dommageable, faute d’être trouvé “sympathique” par les témoins, de les voir se fermer comme des huitres, mais en l’occurrence la quasi-totalité des informations à recueillir ne dépendaient pas témoins, mais de la scène de “crime”. De plus, il apparaît des rapports d’enquête que Rommel n’a pas eu de difficulté à recueillir les informations dont il avait besoin (drogues administrées par les fermiers à leur bétail, bétail connu malade ou volontairement abattu, envoie d’échantillons à analyser, etc.). A aussi été évoqué sa demande d’analyse d’échantillon au laboratoire du FBI d’une substance retrouvée sur le toit d’un camion pickup après une observation d’ovni, où Rommel indique que le résultat pourrait l’”aiderait bien à discréditer la théorie d’association ovni-mutilation de vache”. Nul doute que cette phrase révèle une inclinaison de Rommel pour une explication des mutilations qui exclurait les ovnis, mais est-il correct d’y voir la preuve indubitable d’une étude non objective, voire d’une conspiration organisée ? Tout d’abord, on pourrait s’étonner, si le but n’était pas d’être objectif, que l’on prenne la peine de faire une analyse (on pourrait bien sûr imaginer que Rommel fait mine d’en faire une et “commande” des résultats préétablis, prévoyant que son courrier serait publié par le FBI 18 ans plus tard, mais il faudrait expliquer comment l’analyste a pu tomber sans autre information sur une identification aussi cohérente que de la peinture d’extérieur). Ensuite, Rommel écrit cette lettre le 5 mars 1980, après 10 mois d’enquête. Il a déjà eu le temps de se forger une conviction sur le sujet, de manière inévitable (sans quoi il eut été incapable de rédiger la moindre conclusion), une conviction qu’il exprime, du moins sur le lien entre mutilations et ovnis, dans cette lettre. Il n’aurait certainement pas dû le faire, même pour dire au laboratoire que cela l’aiderait bien à boucler une conclusion solide pour son rapport remis 2 mois plus tard, mais ce n’est pas si étonnant en fin de compte.
  • La rumeur selon laquelle il ne serait par l’auteur de son rapport : Je ne vois pas comment cela serait possible, vu que le contenu du rapport relate le travail d’enquête concret de Rommel (auquel l’anthropologue prétendue auteur n’a évidemment pas participé). De plus un enquêteur de l’expérience de Rommel, qui a rédigé de tels rapports pour le FBI pendant des décennies, n’a aucune raison de ne pas avoir écrit celui là. Sider lui-même, lorsqu’il relaie cette rumeur, discrédite sa source en la qualifiant de une soi-disant enquête qui s’appuie essentiellement sur des impressions personnelles, des exagérations, des “impasses”, des “oublis”, et surtout un très net manque de rigueur scientifique.
  • Le fait qu’il ne se soit venu enquêter sur 1 cas que 3 jours après son signalement : il ne s’agissait pas d’un refus mais apparemment du fait qu’il n’a pu être disponible/joignable à ce moment-là. Par la suite il a bel et bien enquêté (par 2 fois même) sur ce cas sur lequel tout le monde (même ceux qui croyaient le contraire au départ, y compris son principal opposant Valdez) a reconnu l’origine naturelle de la mort. Aucun reproche de ce type n’a été fait sur les 14 autres cas sur lesquels il a enquêté personnellement sur place, et à contrario aucun reproche n’a non plus été fait lorsque des enquêteurs ayant des convictions opposées ont eux aussi mis un temps certain avant de venir enquêter sur les lieux (comme Valdez qui laissera passez le week-end avant d’aller faire des constatations chez Manuel Gomez en 1976), et encore plus de temps à rédiger un rapport après une visite sur place (pour reprendre le cas de Valdez : une enquête le 13 juin 1976 mais pas officiellement rapportée avant le 15 décembre, une autre le 24 avril 1978 dont le rapport n’est pas rempli avant le 31 juillet, une 3ème le 11 mai 1978 mais pas rapportée avant le 11 juillet, etc. le tout par alors que Rommel a veillé a respecter la règle du FBI voulant qu’un rapport soit rédigé dans les 5 jours suivant une constatation sur place pour garantir un minimum d’exactitude des souvenirs).

Voilà résumés tous les reproches que j’ai pu trouver sur Rommel. Aucun d’entre eux ne me semble susceptible de remettre en cause son travail d’enquête.

Mais venons-en maintenant aux arguments de Sider dans l’article que tu cites. Je les avais déjà lus, cet article étant en fait un condensé des chapitres qu’il consacre aux mutilations dans son livre “Ultra-Top secret” que j’avais lu il y a une dizaine d’années. C’était à l’époque un ouvrage qui m’avait beaucoup impressionné par la minutie de son travail et l’apparente rigueur de ses arguments. Sider est connu pour cela, et son article reste aussi captivant que son livre. Malheureusement un examen comparé et plus approfondi montre qu’une abondante documentation n’empêche pas la sélection de faits, ni l’interprétation abusive. Voici donc, maintenant, les problèmes que je vois dans l’argumentation de Sider (qui pour sa majeure partie ne lui est pas propre, mais partagée par tous les convaincus que ces mutilations constituent un phénomène anormal) :

Les faits présentés

Les parties du corps enlevées

Je cite Sider : les bêtes sont délestées d’organes divers et de portions de peau (et non pas de chair). Les organes sexuels sont les plus souvent cités comme étant enlevés, ainsi qu’un oeil, une oreille, la zone rectale, la mamelle. En fait Rommel cite exactement les mêmes pour présenter un avis contraire avec, comme Sider, experts à l’appui : selon ces derniers, ces parties sont belles et bien celles attaquées en premier par les charognards (oiseaux, renards, coyotes…), parce qu’elles sont 1) les plus accessibles et 2) les plus tendres. Le problème est que Sider, au lieu de dire qu’il a au moins débat sur la question (qui pourrait être utilement creusée), décrète que ceux qui ne sont pas de son avis sont malhonnêtes et “inventent” un comportement des prédateurs, alors que ceux qui appuient comme lui l’anormalité seraient “honnêtes” (y compris un expert qui avoue ne pas être spécialiste des animaux sauvages, alors que Sider insiste auparavant sur le fait que les experts “officiels” seraient incompétent au même motif). Pour étayer ce jugement, Sider s’appuie sur une théorie de conspiration : sans dissimuler que nombre de vétérinaires ont un avis différent du sien (ou du moins de certains “experts” qu’il a trouvé), il ne voit qu’une explication à cette autre incohérence : ses contradicteurs seraient tous des vétérinaires “d’état” (sous-entendus soumis aux ordres de dissimulation) alors que les autres seraient privés (sous-entendu libres et ne pouvant être soumis à la conspiration). L’idée que les entrailles sont attaquées en premier serait donc, pour les uns fausse/un mythe, et pour les autres une vérité dévoilant une conspiration. Pourquoi ne pas simplement reconnaître une querelle d’experts, comme il en arrive tout le temps dans le monde réel ? Peut-être l’explication dépend-t-elle tout bêtement des circonstances. D’abord le temps : en fonction de la période écoulée après la mort, plus ou moins de vagues de charognards seront passées sur le corps. Les oiseaux enlèvent par exemple rapidement yeux et langue parce que c’est plus facile et accessible, surtout sur les animaux imposants. Dans de tels cas il est aussi bien plus pratique de creuser des orifices déjà existants (anus) ou très souples (mamelles). Ensuite l’environnement joue aussi : suivant le lieu, les mêmes prédateurs/charognards ne sont pas présents (trop éloignés), ce qui aura un impact sur les dégâts constatés.

La perfection des découpes

Je cite toujours Sider : Les types de blessures faites incluent l’utilisation d’un outillage à base d’instruments tranchants : couteau, rasoir, scalpel, etc. Sans dire que c’est faux si l’on veut rester neutre, il s’agit là plus de la conclusion de Sider (et d’autres) qu’une présentation exacte des faits. Il ne faut évidemment pas poser comme hypothèse de départ la conclusion que l’on défend. Dans son rapport Rommel ne conteste pas que des découpes peuvent sembler lisses de loin, mais indique qu’elles ne le sont pas vues de près (raison pour laquelle ils insiste régulièrement pour qu’il y ait des photos en gros plan). Loin de garder cet argument dans le domaine du subjectif et de l’indécidable, il fournit un critère objectif pour distinguer les cas : si une découpe a réellement été faite avec un instrument tranchant (couteau ou autre), une analyse microscopique devrait montrer des poils coupés perpendiculairement. Ces analyses, réalisée à plusieurs occasions lors du projet, ont toujours montré le contraire. Sider indique aussi Certains découpages notés étaient symétriques, épousant des formes géométriques les plus variées : un cercle est certes symétrique (mais peut avoir été creusé par des prédateurs/charognards), mais à part çà, je ne vois pas d’autres exemples de formes symétriques variées (des losanges, des carrés, des étoiles… ?). Ou alors il s’agit simplement de formes variées, mais non symétriques, ce qu’on peut aussi attendre de dégâts de prédateurs/charognards. Enfin Sider ne cite pas ces “non intéressants” où l’on a à la fois observé ces fameuses découpes apparemment “parfaites” et diagnostiqué sans équivoque que la bête était morte de maladie (i.e. aurait été “mutilée” après sa mort).

L’absence de sang

Il y a rarement des traces de sang. C’est aussi ce que constate Rommel, qui indique que cela n’a rien d’extraordinaire, sur la base d’avis d’experts et de ses propres constatations sur place. Le sang écoulé après la mort est soit léché par les prédateurs, soit absorbé par le sol, et le reste séché, reposant dans le corps.

La présence de prédateurs

Les nécrophages ne touchent pas aux carcasses. Les chiens les évitent. J’aimerai bien trouver l’origine de cette idée, car je ne trouve que des contre-exemples. Dans son rapport Rommel cite de nombreux cas où les enquêteurs arrivant sur les lieux (pas que Rommel donc) constatent la présence d’empreintes d’animaux canins comme de déjections d’oiseaux près de ou sur les corps, voire même d’animaux en train de dépouiller les carcasses au moment où ils arrivent. Sider cite lui-même des rapports concluant à l’activité de prédateurs/nécrophages, qu’il ne prend pas la peine de contester. Pour Sider (comme c’est souvent le cas dans la problématique ovni) il y a 2 sortes de mutilations : les attaques de prédateurs/charognards et les “vraies”, les autres “réellement intéressantes” (comme on dit qu’il y a des méprises et de vrais ovnis). Le problème est que (comme en ufologie), les critères prétendus distinguer les 2 catégories (énumérés ici) ne sont en fait pas probants (i.e. ils sont aussi compatibles avec l’hypothèse prédateurs/charognards). Sider indique aussi que on ne trouve jamais de traces d’animaux prédateurs ni d’êtres humains dans l’entourage des dépouilles. C’est d’autant plus curieux que souvent les sols humides, boueux, voire enneigés, auraient du en comporter. => Faux.

La position/localisation des bêtes

Les bêtes sont parfois dans une position indiquant qu’elles ont été déplacées puis déposées mortes là où elles furent trouvées : sur le dos avec les 4 pattes raides tendues vers le ciel : ou sur un côté, mais avec les 2 pattes de l’autre côté raides et obliques, ne touchant pas le sol. Ceci indiquant que la rigor mortis est survenue en un autre lieu, dans es conditions non-naturelles. Concernant la position des bêtes, il est vrai que ce n’est pas courant (comme ce n’est pas courant dans la plupart des cas de mutilations), mais tout aussi vrai que cela peut arriver (comme cela est arrivé dans quelques cas de mutilation). Outre le fait que lorsque le corps d’un animal commence à gonfler après sa mort, la carcasse peut avoir tendance à se tourner sur le dos, il peut aussi arriver qu’une contamination à l’anthrax ait l’effet direct de faire mourir les pattes droites en l’air (et il y eut bien une épidémie d’anthrax qui toucha des bêtes en juillet 1979 par exemple, période où des cas de “mutilation” furent signalés). Bref, ce n’est pas une caractéristique excluant une explication naturelle. Concernant les localisations étonnantes, elles peuvent être supposées (typiquement la conviction qu’une bête a une patte cassée apporte la conviction qu’elle a été déplacée), ou réelles. Dans ces derniers cas, l’étonnement peut venir d’un lieu éloigné, inhabituel ou paraissant inaccessible, ou au contraire d’un lieu étonnamment proche, à tel point qu’on a du mal à comprendre comment le propriétaire d’un ranch n’aurait pas pu remarquer une mutilation ayant lieu à 50 m de chez lui. Rommel cite un tel exemple, où l’on apprend que le corps a apparemment été traîné depuis un autre endroit… mais que c’est un jeune homme à cheval qui a trouvé le corps de l’animal mort et à l’a tracté jusqu’à la maison du propriétaire pour lui rendre service. Ou encore cet autre exemple où l’on apprend que c’est le propriétaire lui-même qui a placé la bête morte malade hors de sa clôture. On se souviendra aussi de ce cas incroyable d’une vache prétendument mutilée dans la grange-même de son propriétaire : une histoire totalement erronée, issue du mélange de 2 histoires (une bête malade traitée par vétérinaire dans la grange mais finalement morte là) et une autre du même propriétaire trouvée “mutilée” ailleurs dehors. Les officiers enquêteurs avaient tout simplement pris des photos des 2 bêtes, photos qui avaient été mélangées par la suite. Rommel cite aussi cette histoire incroyable d’un porc découvert mutilé alors qu’il était enfermé dans une grange. On comprenait mal comment le vétérinaire chargé de l’examiner pu conclure à l’attaque d’un ours… jusqu’à apprendre que, là encore, l’histoire avait été mal rapportée, et que le porc était en fait dans un parc ouvert. On ne peut blâmer personne d’avoir cru ces histoires en l’absence d’autres éléments : il fallu une enquête sérieuse pour découvrir la vérité, incontestable (on peut retrouver le jeune garçon, les propriétaires, le vétérinaire…), mais on peut blâmer ceux qui citent ces histoires sans avoir consulté cette contre-enquête.

Les membres prétendument brisés

Des bêtes ont été observées avec des fractures et des déboitements de membres, indiquant qu’elles avaient été soulevées en hauteur puis relâchées en poids mort. Cela est prouvé formellement lorsque les bêtes sont retrouvées hors de leur pâturage d’origine, sans que les clôtures et le verrouillage des entrées en soient affectées. Rommel rappelle aussi des affirmations de ce type et révèle comment son enquête a déterminé qu’elles étaient fausses : un “hématome” supposé être la preuve de sangles (alors que de telles contusions peuvent apparaître naturellement sur un corps en décomposition) elles-mêmes supposées être preuves d’un soulèvement sans autre argument ; une patte considérée cassée sur seule manipulation du policier enquêteur mais aucune analyse scientifique ; un animal prétendu trouvé “dans un arbre” mais finalement reconnu avoir été trouvé au pied de l’arbre, etc. Finalement, rien d’extraordinaire, et donc ne prouvant après vérification pas de fait contredisant l’hypothèse de charognards.

Des traces d’appareils aériens

Je possède plusieurs rapports faisant état de traces, près des caracasses, paraissant avoir été laissées par un appareil aérien de type inconnu (dont au moins 2 rapports de la police d’état du Nouveau Mexique). S’il s’agit des traces de “tripodes”, Rommel l’explique dans son rapport. Sider indique aussi que De très nombreux soi-disant hélicoptères ont été remarqués dans les zones concernées par les mutilations animales. La singularité de ces observations consiste dans le fait que certains appareils ne possédaient pas de signes d’identification ni de n° d’immatriculation. Là encore, le lien entre mutilations et hélicoptères “non identifiés” (parce qu’ils ne portent vraiment aucune identification ou juste parce qu’on a pas pu réussi à les relever ?) ou plus généralement “ovnis”, reste à prouver au delà de quelques témoignages (pas du tout majoritaire ni même très nombreux, contrairement à ce que dit Sider), dont certains ont été démentis (par exemple un chef d’une police locale cité comme observant un ovni par Howard Burgess — l’acolyte de Valdez — en 1979, le démentira formellement lors d’une conférence en avril de cette même année) ou incorrectement associés : en vérifiant les dates d’occurrence de cas de mutilation et d’observation d’ovnis, Rommel s’aperçoit par exemple que les observations d’ovnis les plus spectaculaires au Nouveau Mexique — à en juger par la couverture media — ont eu lieu à des époques où aucune mutilation ne fut signalée. Quand le Bureau d’Enquête du Colorado essaya de vérifier ces histoires d’hélicoptères non-identifiés, en surveillant secrètement tous les vols civils et militaires entre avril et décembre 1975 (bien avant l’enquête de Rommel donc), il n’en trouva aucun dans les airs ou sur le sol près des 203 carcasses “mutilées” qui furent trouvées dans cette période. Par contre il est vrai que la “psychose” de ces histoires des mutilations a bel et bien amené les fermiers à s’armer pour se défendre, prêts à tirer sur le moindre hélicoptère qu’il verraient, au point que des vols (un inventaire notamment) d’hélicoptères durent être annulés, et que des députés ont prié le FBI de faire une enquête “avant que quelqu’un ne soit blessé”. Enfin, il faut se rappeler qu’une corrélation ne détermine pas une causalité (tel phénomène provoque tel autre) : il est tout à fait possible par exemple (et tout à fait compatible avec la théorie des charognards) que les gens se mettent à interpréter différemment les mutilations en fonction de l’actualité d’observations d’ovnis. Quand il n’y avait pas beaucoup d’observations, elles étaient l’oeuvre de charognards ou de sectes sataniques, et quand il y eut beaucoup d’observations d’ovnis (ou d’hélicoptères), elles devinrent l’oeuvre de ceux-ci.

Les faits non présentés

Latéralité des blessures

Sider ne relève étonnamment pas le fait particulièrement significatif — et pourtant cité dans presque tous les cas — que des parties mutilées le sont pratiquement toujours sur un seul côté (par exemple l’oeil gauche, l’oreille gauche…), qui sont simplement les parties du côté accessible de la bête, et jamais celles sur lesquelles l’animal est couché. De deux choses l’une alors : soit, par une coïncidence extraordinaire, les animaux “mutilés” ne sont pour une raison incompréhensible toujours mutilés que d’un côté et lorsqu’ils sont relâchés d’une hauteur retombent toujours sur leur côté non mutilé, soit ils sont tombés avant d’être mutilés. Je n’ai pas ajouté “tombé morts” pour ne pas trop orienter l’alternative, mais il est clair que cela colle parfaitement avec l’explication de charognards s’attaquant à une bête déjà morte (de maladie généralement, comme cela sera prouvé par les constatations sur place ou autopsies de plusieurs enquêtes).

Absence de tout indice humain

Sider ne parle pas non plus (contrairement à d’autres défenseurs d’une hypothèse extraordinaire pour le coup), tout en évoquant l’hypothèse humaine, d’une autre caractéristique des “mutilations” que sont l’absence de traces humaines justement, qu’il s’agisse de traces de pneus ou d’empreintes de pas près des carcasses. Encore une fois, ce fait omis est un fait cohérent avec l’hypothèse des charognards, et pas avec une origine humaine (satanique ou malade mental se baladant d’état en état, ou conspiration gouvernementale). On peut bien sûr évoquer l’hypothèse que ces humains utilisent des hélicoptères comme cela a été signalé, mais c’est expliquer une généralité du phénomène par une particularité prétendue de quelques-unes (une particularité plutôt ténue et loin d’être confirmée au regard de très grande majorité des cas où aucun hélicoptère — ni ovni — n’a été vu). Sider ne mentionne pas non plus qu’aucun coupable n’a jamais été arrêté, ce qui est particulièrement étonnant le nombre d’affaires : certains n’hésitent pas à parler de 10 000 cas par exemple, sans aucune arrestation d’humain ou ET, mais avec par contre observations parfois de charognards sur la carcasse, qu’on oublie bien vite.

Mutilations constatées post mortem

Enfin Sider ne sait peut-être pas encore au moment où il écrit son article, mais il produira lui-même des statistiques le phénomène qui contiendront des éléments cohérents indicateurs de l’activité de charognards, tels que animal trouvé mort sans mutilations et retrouvé mutilé le lendemain.

Les faits interprétés

Inexpliqué = extraordinaire

Sider parle de rapports n’ayant pu déterminer la cause de la mort, comme s’il s’agissait d’une preuve, comme si “inexpliqué” (statut que Rommel cite aussi parfois) voulait dire “extraordinaire”, ou du moins “non ordinaire”, excluant toute explication non extraordinaire qui serait toujours décelable (si c’était vrai il n’y aurait pas avis contradictoires d’experts en la matière). Ca n’a pas plus de fondement que de dire le contraire, que “inexpliqué” peut être réduit à “ordinaire”, ou du moins “non extraordinaire”. Inexpliqué, c’est juste inexpliqué. L’expert interrogé ne sait pas. Ensuite Sider confond cause de la mort (souvent naturelle, comme Sider le dit lui-même) et cause des mutilations. Si la mort n’a pas été causée par des mutilations, il peut très bien y avoir une cause de la mort inexpliquée (maladie non trouvée ou autre) et des mutilations post mortem expliquées.

Apparence = explication

Sider indique qu’un vétérinaire “d’état” (donc le mal incarné) aurait indiqué qu’un coyote pouvait faire des découpes avec la précision d’un instrument chirurgical ce qui est évidemment faux (tout le monde est d’accord pour dire qu’un coyote n’a pas les capacité d’un tel instrument), mais utile pour caricaturer la théorie des charognards. Le vétérinaire voulait simplement dire que l’apparence pouvait faire penser à une découpe chirurgicale, mais évidemment un examen de près (au microscope pour voir si les poils sont coupés perpendiculairement si besoin) permet de voir la différence. Dans son rapport (mais il faut le lire pour le savoir encore une fois), Rommel décrit d’ailleurs un cas où une vache retrouvée “mutilée” est découpée au scalpel par l’un des enquêteurs et montre la différence entre les 2 types de blessure.

Enquête = conclusion

Sider s’étonne qu’une convention ait réuni en août 1978 nombre d’agences d’état pour discuter du problème s’il était réellement explicable par des prédateurs/charognards. Mais à cette époque quoi de plus normal, puisque le phénomène était encore très répandu, et n’avait pas encore été suffisamment expliqué par une enquête d’envergure et de sérieux suffisants. Il aurait pu aussi citer la conférence qui eut lieu en avril 1979 dans le même but, mais eut été obligé de préciser qu’elle fut initiée par les sénateurs de chaque état touché, qui n’eurent de cesse depuis 1975 de demander eux-même au FBI qu’il prenne l’enquête en main. Ce n’est qu’à partir de cette date que le problème de juridiction fut résolu (pour ne pas dire contourné) pour permettre enfin l’Opération Mutilation Animale, qui débouchera sur le rapport Rommel clôturant considérablement la question.

Délégation = amateurisme

Sider s’étonne que Rommel, alors qu’il avait été mandaté pour le Nouveau Mexique, ait aussi étendu son étude à d’autres états. Mais il est évident que s’il ne l’avait fait (il a d’ailleurs aussi étendu son étude aux cas passés), on lui aurait rétorqué que ses conclusions ne valent que pour le Nouveau Mexique. Or le but de Rommel était bien de vérifier si ses conclusions était corroborées ou pas par les constatations dans d’autres états. Ensuite Sider s’étonne que Rommel se base sur les résultats d’autres personnes (vétérinaires d’état, policiers) pour ces cas extérieurs au Nouveau Mexique. Mais comment aurait-il pu faire autrement ? Non seulement son mandat était limité au Nouveau Mexique, mais de toute façon Rommel s’en remet aux personnes compétentes pour traiter tel ou tel cas : l’officier qui a fait les constatations sur place, ou le vétérinaire qui a fait l’autopsie, etc. On peut même imaginer que s’il avait tout fait lui-même justement, on lui aurait opposé de ne pas laisser la parole aux autres. Il ne fait justement pas l’erreur de Sider de se prétendre compétent dans un domaine qui n’est pas le sien, en citant tel ou tel ouvrage de médecine légale dans ses références (ce que fait Sider avec Procedures For Evaluating Predation on Livestock and Wildlife, un livre sûrement intéressant mais dont on ne saura jamais le contenu à part qu’il contredit selon Sider les constatations et analyses du rapport Rommel, alors qu’un exemple/extrait aurait suffi). C’est comme les ufologues qui se muent en historiens pour tenter d’étudier des cas anciens ou physiciens pour évaluer des émissions radioactives… c’est une plaie qui nous fait vraiment passer pour des charlots ! Les ufologues n’ont pas à faire le travail des spécialistes (pour lequel ils sont incompétents), mais à interroger les spécialistes. Dans le même genre Sider trouve aussi “douteux” que le Sergent F. et Rommel aient tenté une “expérience” (placer une vache morte dans la nature et voir si des charognards font les mêmes dégâts que constatés dans les autre cas), alors que cette expérience est la caractéristique même d’une volonté de vérifier une théorie avec des faits. Il n’y a là aucun dogme asséné sans être étayé, mais au contraire la vérification (pour le moins flagrante) d’une théorie : non seulement des charognards attaquent bien la carcasse d’une vache morte, mais il font bel et bien des blessures semblables à celles observées dans des cas de prétendues “mutilations”. Du côté de Sider, on attend toujours une proposition d’”expérience” permettant de tester sa théorie (dogme ?) alternative et plus mystérieuse, si tant est qu’elle soit testable.

Publication = sélection

Sider prétend que rien n’a filtré des enquêtes de Rommel (et son rapport, c’est quoi ?), et déplore de son travail qu’on en connaisse que ce qu’il a bien voulu dire à leur sujet. Il en est rarement autrement de toute enquête (on ne connait des investigations de Sider que ce qu’il veut bien nous en dire, etc.) et Sider se préoccupe bien moins de recouper les enquêtes prétendant des choses extraordinaires (alors que ce sont surtout celles-ci que l’on devrait recouper le plus possible, ce que fit Rommel en contre-enquêtant divers cas).

Etat = conspiration

Une partie conséquente des “arguments” de Sider consiste à reprendre l’idée que toute personne “officielle”, tout fonctionnaire d’état est, apparemment par définition, suspecte. Il convient ici de rappeler qu’aux Etats-Unis un état dispose d’une certaine indépendance par rapport au gouvernement fédéral et bien sûr d’autres états. Ceci pose évidemment la question du niveau auquel pourrait bien se situer la conspiration. Si c’est au niveau d’un état (tous les vétérinaires d’un état, tous ses policiers), ça ne suffit pas, car des vétérinaires et policiers de plusieurs états vivant le même problème tiennent le même discours. Si c’est au niveau de plusieurs états, il faut que toutes les personnes impliquées se coordonnent, ce qui est encore plus compliqué et suggère la seule solution d’une conspiration au niveau fédéral ? Mais comment alors expliquer que cette conspiration n’arrive pas à faire taire certains policiers partisans d’une explication non banale comme Valdez (qui a vécu de beaux jours par la suite) ? Et même, comment expliquer qu’une une conspiration, suffisamment efficace pour coordonner efficacement tout ce monde (au mépris de principes de cloisonnement), ne puisse après tout influencer de vétérinaires et enquêteurs privés ? J’imagine que tous ces “officiels”, du plus petit niveau jusqu’au plus grand, doivent avoir été menacé quelque chose de plus sérieux qu’une sanction administrative, et donc quelque chose qui dissuade tout autant des personnes privées. Tout ceci sans parler du fait qu’au cours des décennies passées aucun de ces personnels n’ai annoncé avoir été impliqué dans une telle conspiration. Bref, un scénario peu crédible, mais dont Sider n’est jamais en reste pour expliquer les incohérences, comme certains “vétérinaires d’états” qu’il décrit affirmant des découpes “chirurgicales” (mince, ils ne font pas partie de la conspiration alors ?). Mais le gros de son argumentaire est fait de cette spéculation qu’on “nous cache quelque chose” (tellement bien que c’est improuvable et infalsifiable) et que ce sont tous ces officiels, tous les gens “d’état” (parfois au sens d’un état pour un chercheur d’une université d’état, parfois au niveau fédéral pour une personne travaillant pour le FBI) qui mentiraient parce qu’ils en auraient reçu l’ordre. Et ceci sans oublier Rommel bien sûr, qui pour Sider ne se base que sur des affirmations de vétérinaires d’état pour étayer son travail. Outre le fait que ce soit faux (comme je l’ai rappelé — mais il faut lire le rapport Rommel pour le savoir, pas que SiderRommel se base en majorité sur ses propres enquêtes sur le terrain, toujours réalisées en compagnie du propriétaire de l’animal et éventuellement d’inspecteurs du bétail ou policiers locaux, et à chaque fois tous voient ou au pire reconnaissent les traces de canins ou oiseaux — déjections — sur le corps ou autour de lui, les avis de vétérinaires ne venant souvent que confirmer les avis des enquêteurs), il faut à un moment se demander où sont les meilleurs vétérinaires et scientifiques en général : s’il ne travaillent pas pour des agences d’état, ils sont au minimum dans des universités… d’état, désolé. Je pourrais dire que si Rommel n’avait pas consulté ces experts-là, on lui aurait reproché de ne pas avoir demandé aux meilleurs, mais la vérité est bien pire : on lui aurait reproché de choisir des vétérinaires d’état ou des vétérinaires privés, selon ce que diraient les uns ou les autres. Et la réalité, je l’ai dit, est bien plus banale : les vétérinaires, d’état ou privés, ne sont pas d’accord entre eux. Ceux interrogés par Rommel indiquent que ceux interrogés par Sider ne sont pas suffisamment compétents, et Sider indique que ceux de Rommel mentent… du moins souvent (il s’étonne moins lorsqu’ils sont d’accord avec lui, comme lorsque 5 rapports d’autopsie de l’université d’état du Dakota du Sud ainsi que le “State Supervisor” M. Rew V. Hanson parleraient plutôt de mutilations d’origine humaine).

Incroyable = faux

Sider rit apparemment beaucoup de l’histoire du corbeau extrayant un foie, en oubliant qu’il s’agit d’un témoignage oculaire. Sans aucun argument, il décide de jeter ce témoignage aux orties, procédant en cela à une sélection des données, sur la seule base de ton étonnement : pour lui, ce n’est pas croyable (tout comme pour le témoin de l’incident qui fut très surpris) et il ne peut imaginer une telle capacité chez un animal charognard/nécrophage. Cela surprendra peut-être moins un ornithologue.

Bon je passe sur d’autres points de détails et surtout nombre de jugements de valeurs (mauvaise volonté, …délibérément dissimulé…, …allés jusqu’à inventer…, oeuvre de banalisation…) qui ne sont jamais étayés par autre chose, au bout du compte, que la conclusion elle-même, à savoir conspiration théorisée d’un état (sans parler de la motivation d’une telle conspiration, bien problématique, un manque que d’autres s’emploieront à combler plus tard).

Cette théorie s’oppose donc à celle d’une “hystérie collective” (un terme mal choisi et qu’on s’empressera de réduire, mais disons en tous cas un phénomène social alimenté par nombre d’articles de journaux à l’époque) qui incita nombre d’éleveurs à signaler des corps de bétail mort comme des mutilations potentielles. Sider fait de cette idée un mythe infondé, presque par définition. On a pourtant des exemples de tels comportement, comme la fameuse épidémie de pare-brises percutés, 20 ans plus tôt, qui fut tout à fait du même type : quelques personnes ont commencé à remarquer des impacts sur leur pare-brise et se dire qu’il n’étaient pas là auparavant. Et puis d’autres alors se sont mis à les remarquer et à se dire que, décidément, ils n’étaient pas là avant, et que ce n’était pas normal. Ils en étaient sûrs, ils savaient de quoi ils parlaient, ils connaissaient très bien leur voiture. Et puis d’autres, et d’autres, jusqu’à une véritable épidémie. L’affaire pris une ampleur nationale, et on se mit à chercher des explications (retombées nucléaires, ovnis, etc.). En fait, les impacts avaient toujours été là, mais à force d’en parler, mais personne n’y avait jamais prêté attention, personne n’avait trouvé çà anormal, jusqu’à ce que des gens commence à s’en préoccuper et que la mayonnaise prenne. Ma conviction est que c’est exactement le même phénomène qui s’est produit pour les mutilations : il y a toujours eu des bêtes qui mourraient, de manière naturelle expliquée (maladie) ou inexpliquées, et elles ont toujours été attaquées par des charognards. Mais du jour où on a fait tout un foin sur ces histoires de “mutilations” anormales (à une époque où les ovnis étaient particulièrement en vogue), tout le monde s’est mis à voir ces corps comme “mutilés”. Interrogés, certains éleveurs reconnaîtrons que ce qu’ils avaient trouvés n’était pas si différent que ce qu’ils avaient connu, mais qu’ils avaient fait appel aux enquêteurs “au cas où ce serait une mutilation”, à cause du foin — et les histoires extraordinaires, parfois fausses ou exagérées — qui remplissaient les journaux à ce moment-là. A partir des années 1980s ce fut largement passé, comme la vague des pare-brises fut passée… enfin jusqu’à ce que quelqu’un décide d’y revoir quelque chose d’anormal.

Tu invites à creuser le sujet Mikerynos, et on ne peut que te donner raison. L’article que tu cites est une pièce à verser au dossier. Mais je t’invite à mon tour à vraiment lire le rapport Rommel, en essayant de ne pas avoir en tête une conclusion pré-établie (genre “de toute façon c’est un debunker, il y connait rien”, le rapport te prouvera le contraire). Tu dis aussi que parler du rapport Rommel occulte tout les autres : je pense que parler de ce rapport, finalement assez largement méconnu même chez les amateurs (surtout si l’on se limite à ceux qu’il l’ont vraiment lu), est plutôt au contraire le rétablissement d’un équilibre : jusqu’alors dans le petit monde des ufologues on parlait surtout des travaux défendant des hypothèses extraordinaires.

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