Incohérence ou incompréhension ?

La question du vrai et du faux, actuellement abordée dans cette liste, est peut-être l’un des aspects les plus cruciaux, voire l’une des clés possibles pour la compréhension du phénomène OVNI.

RR0
5 min readAug 10, 2021

Initialement publié en 1999 sur la liste «OVNI-SCIENCES»

Ceux qui étudient le phénomène depuis quelques temps ont pu constater son incohérence. On entends ici par cohérence impossibilité de modélisation, et non irrationalité. On peut très bien effectuer un modèle de la mythologie grecque, décrire sa structure, ses mécanismes, bien que ce sujet ne soit pas considéré comme rationel. Cette incohérence s’exprime notamment au travers :

  • de l’attitude ostentatoire des appareils observés et de leurs occupants (je fais tout pour que l’on me voie et je m’en vais)
  • de la constance des observations au travers de l’histoire (antiquité, moyen-âge, début du siècle, aujourd’hui…)
  • de certains aspects des observations (apparition/disparition immédiate, bilocation, non-détection radar, vitesses effarantes)
  • des actions de ces occupants (pourquoi faire des expériences sur des animaux, hommes ou végétaux depuis si longtemps)
  • de l’adéquation apparente de certaines observations à la technologie de l’époque (airships, boucliers enflammés dont certaines interprétations peuvent être dûes à la culture de l’observateur, mais pas toutes)
  • du nombre de différences entre les appareils décrits (disque complet ou non, lentille, bol renversé, sphère, cigare et autres formes diverses, lumineux ou non)
  • du nombre de différences entre les entités décrites (grandes, petites, différences de pilosité, apparence souvent humanoïde).
  • l’absence de preuve indiscutable depuis 50 ans de recherches (plus ou moins efficaces).
  • certains aspects de l’Hypothèse Extra-Terrestre (HET) par définition, et dans la mesure de nos connaissances actuelles (voyages interstellaires impossibles, dépassement de la vitesse de la lumière, etc.).

Il n’est pas question de dire ici que ces aspects impliquent une cohérence : on peut toujours imaginer des théories les expliquant, mais l’ensemble de ces théories est difficilement conciliable de notre point de vue cartésien, et mêmes les théories les plus folles n’arrivent pas à inclure l’ensemble des données du phénomène.

On peut ensuite tenter d’expliquer cette incohérence de plusieurs manières :

  1. La partie incohérente du phénomène révèle les erreurs d’interprétation et canulars. Elle doit donc être exclue de l’analyse.
  2. La partie incohérente du phénomène est un écran volontairement illogique destiné à empêcher toute analyse
  3. La partie incohérente du phénomène nous semble illogique parce sa logique nous dépasse.

Analysons maintenant chacune de ces hypothèses :

La partie incohérente du phénomène révèle les erreurs d’interprétation et canulars

Rapellons que nous parlons ici des données «expurgées» du phénomène, c’est-à-dire de données resistant à toute explication (c’est-à-dire de 10 à 5 % des rapports d’observations). C’est donc au sein de pourcentage incompressible que nous trouvons des données que nous jugeons incohérentes, c’est-à-dire qui ne collent pas avec un modèle plausible basé sur le reste – majoritaire pour un modèle donné – des données.

Plusieurs modèles ont été proposés, chacun prenant à leur compte une partie des données, mais pas toutes. On parle ici de données redondantes dans les témoignages – comment concilier les airships à l’apparence «archaïque» et les soucoupes par exemple ?. Cette approche aboutit à un échec, simplement parce que l’on arrive pas à exclure la partie incohérente du phénomène. Si l’on reprend notre exemple, je ne peux exclure ni les airships, ni les soucoupes.

La partie incohérente du phénomène est un écran volontairement illogique destiné à empêcher toute analyse.

Cette approche conspirationniste, arguant que les phénomènes aberrants ou ridicules sont là pour discréditer le phénomène et son analyse, a l’avantage de s’adapter à toute origine du phénomène. Une tel «rideau de fumée» pourrait être mis en place par des entités extraterrestres ne désirant pas être analysées, par des agences secrètes ne désirant pas que la réalité du phénomène soit compris, ou par les deux.

Cette technique pourrait être très efficace. Divers exemples pourront en être trouvés au travers d’actions (parfois avouées) de désinformateurs officiels tels que William Milton Cooper pour la thèse gouvernementale, ou chez les Ummites pour la thèse extraterrestre (on se souvient de certaines lettres justifiant la diffusion de canulars afin de rétablir un équilibre vrai/faux qui leur semblait souhaitable, sinon salvateur).

Le désavantage de cette théorie est justement qu’elle semble appliquée de manière contradictoire, ou plutôt redondante : dissimulation de la part de gouvernements et dissimulation de la part d’entités extraterrestres. On ne peut cependant pas l’exclure.

La partie incohérente du phénomène nous semble illogique parce sa logique nous dépasse.

Cette dernière hypothèse suppose une origine extraterrestre du phénomène. Il n’est pas déraisonnable de considérer que l’apparition d’une phénomène extraterrestre implique une nouvelle logique pour le comprendre. Nous avons bien dû inventer d’autres modèles pour comprendre d’autres aspects de notre univers, tels que la physique quantique ou la relativité. Peut-être nous faut-il adopter une autre logique pour comprendre des entités disposant d’une avance technologique, philosophique considérable sur nous. Je reste convaincu qu’un indigène coupé de la «civilisation» ne comprendrait pas comment nous réussissont à voler, ni pourquoi tous les étés, nous allons nous faire bronzer la peau.

Cette hypothèse est toutefois particulièrement intéressante, de par son ouverture et les perspectives qu’elle offre. De plus, elle présupose une quasi-certitude : nous ne détenons pas toute la vérité.

L’étude du phénomène OVNI pourrait donc se diviser en plusieurs disciplines :

  1. L’étude «physique» du phénomène, au travers de l’analyse de traces, d’enregistrements (audio, video), et de différents capteurs (radars, etc.). Cette étude à pour but de déterminer la réalité matérielle (relativement avérée) du phénomène, puis sur la base de ces données, de tenter une modélisation «physique». Cette discipline à cependant le désavantage de ne disposer que de la logique cartésienne pour l’aider. Elle est donc condamnée (à moins d’une ouverture souhaitable) à rejeter des phénomènes peut-être réels mais encore non compris (on ne peut voyager d’une planète à une autre, on ne peut encaisser telle accélération, un rayon de lumière ne peut être sécable, une lumière implique forcément un reflet, etc.). Il y a quelques centaines d’années, les scientifiques refusaient d’admettre que les météorites puissent être des pierres tombant du ciel, et il y a plus longtemps encore, on croyait que la terre était plate. Autorité comme majorité ne sont donc pas gages de vérité. Ce type d’étude est cependant indispensable puisque exploitant des bases scientifiques avérées et sur lesquelles il faut construire, mais on doit apprendre à remplacer le terme «impossible» par «inexpliqué».
  2. L’étude «journalistique» visant à démontrer la réalité du phénomène aux yeux de diverses personalités et autorités, par le biais de témoignages et recherche de documents.
  3. L’étude «comportementale» visant à comprendre les agissements, les motivations des OVNI et de leurs éventuels occupants. Cette étude présupose la réalité du phénomène, et les dernières années d’analyse semblent nous indiquer que notre logique soit inefficace pour nous y atteler, et qu’il faille en adopter une logique. Peut-être la logique tétravalente, citée précédemment dans cette liste, est-elle une base utile, peut-être pas. Peut-être ne pourrons nous comprendre qu’une fois arrivés au niveau d’évolution supposé des ces entités non moins supposées.

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