Des extraterrestres auraient besoin de plus de temps pour nous trouver
“Alors, où sont-ils tous ?” aurait dit le prix Nobel Enrico Fermi à ses collègues physiciens en 1950, alors qu’ils discutaient de la raison pour laquelle nous n’avions vu aucun signe de civilisations extraterrestres si, comme nombre le croient, notre galaxie foisonne probablement de vie. Aujourd’hui, un modèle mathématique pourrait avoir une réponse au paradoxe de Fermi.
Article initialement posté le 21 janvier 2007
Le New Scientist rapporte (repris par le Guardian) que Rasmus Bjork de l’Institut Niels Bohr de Copenhague (Danemark), a calculé que 8 sondes — voyageant à 1/10ème de la vitesse de la lumière et chacune capable de lancer jusqu’à 8 sous-sondes — mettraient près de 100,000 ans pour explorer une région de l’espace contenant 40 000 étoiles. Lorsque Bjork élargit la recherche pour inclure 260 000 de ces systèmes dans la zone habitable de notre galaxie, les sondes prenaient presque 10 milliards d’années — les 3/4 de l’âge estimé de l’Univers — pour n’explorer que 0,4 % des étoiles.
Telle est la réponse de Bjork au paradoxe de Fermi : les extraterrestres ne nous ont pas contacté parce qu’ils n’ont pas encore eu le temps de nous trouver.
Il ajoute que la recherche pourrait être optimisée en ne visitant que les étoiles ne portant que des planètes habitables, qui pourraient être identifiées par les missions de recherche de planètes telles que le Terrestrial Planet Finder (EDIT: depuis annulé par l’administration Bush) de la NASA. Bjork est aussi “raisonnablement optimiste” quant à l’écoute d’extraterrestres avec des radio-télescopes.
Reste que la thèse de Bjork est critiquée : en supposant que les sondes sont en nombre limitées (8 * 8) pour ne pas interférer entre-elles, elle ne se conforme pas à l’hypothèse de Fermi de sondes capables de se répliquer à l’infini, en une croissance exponentielle. On peut comprendre cette critique, mais elle est anticipée dans l’article de Bjork.
Ce dernier argue tout d’abord que les sondes en question n’auraient rien à voir avec celles que nous envoyons actuellement : elles seraient beaucoup plus grosses, beaucoup plus sophistiquées (capables de se réparer elles-mêmes pour durer 1 milliard d’années) et donc particulièrement coûteuses à fabriquer. Il faudrait donc mesurer combien de sondes une civilisation pourrait s’offrir. On peut bien sûr répondre à cela qu’il suffirait de construire une seule sonde auto-reproductible, mais à quel prix ? Et une civilisation dure-t-elle assez longtemps pour arriver à ce stade technologique ? Mais Bjork rappelle que l’hypothèse de telles sondes auto-reproductibles, même en l’admettant, pourrait bien poser des problèmes remettant en cause sa viabilité. Parmi ceux-ci, le fait que ces sondes soient ainsi devenues “trop” intelligentes pour ne pas préférer de se préoccuper de leur propre sort que du plan d’exploration de leurs créateurs éloignés, et s’occupe plus de survivre que d’autres choses.
Bjork n’élude pas pour autant l’hypothèse d’un plus grand nombre de sondes. Après avoir lancé la même simulation avec 200 sondes au départ, les résultats restent de près de 40 millions d’années, ce qui reste non négligeable comme temps d’attente pour une civilisation. Enfin Bjork rappelle que le temps nécessaire dans l’hypothèse de telles sondes “de Von Neumann” a déjà été évaluée par Tipler en 1980 : entre 4 et 300 millions d’années.
Enfin Bjork admet qu’un facteur a été négligé, qui pourrait réduire le temps de recherche. En ne se concentrant que sur la population estimée de systèmes à exoplanètes viables, ont pourrait diviser le temps par 2.