Cometa de Pilotage

Il fallait être sur une autre planète pour ne pas en avoir entendu parler (les ET risquent de ne pas être au courant pour le coup), les archives du CNES sur les ovnis ont été publiées. Enfin, celles du SEPRA plus exactement, puisque dans un premier temps nous n’aurons droit qu’aux Procès Verbaux de cas depuis 1988. Le GEIPAN, dans son soucis d’information, a eu la bonne idée de ne pas se limiter aux PVs de cas, mais a agrémenté son site d’une section “documentation” où toute une série de documents plus généraux (dont les fameuses “Notes Techniques”) sont accessibles. Voilà qui est intéressant. Mais quel document apparait en 1er dans cette liste ? Le rapport COMETA. Tiens, qu’est-ce que ça fait là ?

RR0
3 min readOct 25, 2020

Article initialement posté le 29 mars 2007

Car cela a bien été dit et répété, en dépit de ce que s’imaginent nombre d’amateurs étrangers et même parfois encore français, le COMETA n’est pas un organisme officiel. C’est une association à but non lucratif (loi 1901) réunissant notamment des anciens de l’IHEDN, mais accueillant aussi à l’occasion d’autres “spécialistes” (“l’ufologie fait de nous tous des amateurs” disait Hendry) intéressés par le problème ovni. Le GEIPAN, à travers le CNES, publie donc le rapport… d’une association ufologique. Certes prestigieuse, certes bardée de généraux et hauts responsables, mais sans rapport direct avec le CNES ni sa cellule d’étude des PAN. Etonnant, d’autant que cette association s’était longtemps opposée, justement, à la publication de son rapport sur Internet.

Enfin, pas si étonnant que cela. Le COMETA a en fait depuis longtemps pris contact avec les représentants officiels du SEPRA (Jean-Jacques Velasco, son directeur, y fut invité) puis du GEIPAN (Jacques Patenet l’a reconnu lors d’une interview). Mais quoi de mal après tout ? Il peut sembler normal que des organismes, officiels ou non, collaborent sur un même sujet d’étude, et le site du GEIPAN ne contient après tout pas que des documents officiels stricto sensu (on y trouve par exemple l’étude statistique de Poher de 1971, faite à titre personnel), et le Rapport COMETA est sans nul doute un document incontournable de l’ufologie française.

Alors pourquoi s’offusquer que le GEIPAN en fasse la promotion, en le plaçant en tête de liste des documents “officiels” à télécharger ? Eh bien parce que le Rapport COMETA n’est pas un document scientifique. C’est un document d’opinion. A côté d’un certain nombre de faits objectifs, il y défend l’hypothèse extra-terrestre comme la plus probable, à grand renforts de spéculations conspirationnistes : puisque les ovnis sont probablement d’origine ET, les américains qui les ont étudié sont forcément au courant. Ils garderaient sur ce sujet un secret scandaleux, car concernant toute l’humanité. De fait, la désinformation nécessaire à l’entretien d’une telle chape de plomb est le thème récurrent des interventions de Yves Sillard, promoteur du GEPAN originel et actuel président du comité de pilotage du GEIPAN, thèse également centrale au livre Ovnis, 60 ans de désinformation, largement diffusé dans ce comité. Une thèse qui, aujourd’hui, non seulement ne fait pas consensus parmi les ufologues, mais qui n’a surtout pas lieu d’entrer en ligne en compte dans une étude scientifique. La désinformation, la conspiration, les activités de services de renseignement, voire la politique et les pressions médiatiques que relaie le Rapport Cometa peuvent avoir leur place, mais pas dans le cadre d’un organisme scientifique.

Il n’est donc pas question ici de blâmer les idées du COMETA. Chacun est libre d’échafauder les hypothèses qu’il préfère, et peut-être celles du COMETA sont-elles les bonnes. Mais il ne semble pas sain qu’un organisme public à vocation d’étude scientifique et d’information du grand public (d’où le “I” de GEIPAN) voient ses actions orientées par une entité dont les positions ne sont pas neutres, au risque d’un dangereux mélange des genres.

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